Ces dernières années ont vu un regain d'intérêt pour un courant littéraire des plus audacieux : la littérature décadente.
Décadence. Le terme charrie des représentations obscures propices aux fantasmes.
Les forts en thèmes se souviendront des lettres faisandées d'un Pétrone, quintessence d'un empire romain en déliquescence.
Les férus de théories politico-scientifiques se rappelleront que les civilisations comme les espèces meurent de leur incapacité à mobiliser leurs ressources vitales pour survivre.
La littérature "fin-de-siècle" naît d'un reniement.
Le naturalisme par son zèle à décrire objectivement ce qu'il considère être la réalité, y compris dans ses aspects les plus prosaïques et triviaux, conduit Huysmans à chercher une issue à l'impasse naturaliste.
Il y emploie tout son art dans le bréviaire de toute littérature décadente à venir : A Rebours (1884). Ce titre, évocateur d'un processus opposé au flux naturel, inaugure un courant littéraire protéiforme habité par les voluptés les plus affinées, les perversions les plus révoltantes, la folie, le mal, la mort, que seule une solitude de monstre enfante.
Bon courage pour ce blog qui promet !
RépondreSupprimerVIENT DE PARAÎTRE
RépondreSupprimerJacques d'Adelswärd-Fersen, Messes Noires. Lord Lyllian (1905),
éditions QuestionDeGenre/GKC, 178pp. 17 €
www.gaykitschcamp.com
Le succès de Jacques d’Adelswärd-Fersen (1880-1923) ne se dément pas. Les éditions originales ou anciennes de ses livres se vendent aujourd’hui à des prix remarquables. Je lui ai consacré en 1991 un dossier, enrichi en 1993, qui permet de com prendre dans quel contexte polémique son œuvre s’est développée. On doit à Mirande Lucien d’avoir donné une image assez exacte d’Akademos, revue que Fersen a fondée en 1909 et soutenue toute l’année et qui peut à juste titre être considérée comme la première revue homosexuelle française. Jean-Claude Féray a attiré notre attention sur son œuvre littéraire aux éditions Quintes-feuilles. Alors qu’il vient de publier Jeunesse (1907), je suis heureux d’avoir enfin pu mettre la dernière main à cette réédition de Lord Lyllian (1905).
Lord Lyllian est un roman à clefs où se rencontrent les sommités homosexuelles de la fin du xixe : Oscar Wilde, Lord Alfred Douglas, John Gray, Jean Lorrain, Joséphin Péladan, Achille Essebac, Robert de Montesquiou, Friedrich Krupp — et Fersen lui-même — ainsi que leurs égéries les actrices Ellen Terry et Sarah Bernhard. Les amateurs de ces personnages devenus de véritables icônes se réjouiront de la manière dont Adelswärd-Fersen les met en scène avec des dialogues très camp que Wilde n’aurait pas reniés et dans des poses mélodramatiques à souhait. J’espère que, comme moi, vous tomberez amoureux de Lord Lyllian, dans une nouvelle édition portée par d’éminents spécialistes respectivement de la littérature homosexuelle et de la littérature décadente, Jean-Claude Féray et Jean de Palacio.
Patrick Cardon
17 € ISBN 978-2-908050-68-4
je vous recommande un nouvel auteur décadent que je viens de découvrir et qui bat tous les records : Aurore-Marie de Saint-Aubain (1863-1894, poétesse d'origine lyonnaise. En 1890, elle publia sous le pseudonyme de Faustine un effroyable roman rococo saphique intitulé : "le Trottin" où son personnage principal, la comtesse Cléore de Cresseville, aime à se déguiser en fillette de douze ans. Elle monte une maison de tolérance appelée Moesta et Errabunda réservée exclusivement aux lesbiennes qui s'y enamourent d'amies-enfants à la Lewis Carroll. De ce livre perdu, Huysmans a dit : "Un roman de la divine pourriture."
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